Comment mesurer le bonheur ? Depuis une trentaine d’années, la problématique de l’évaluation du bonheur des populations est devenue une question légitime. On trouve aujourd’hui différents indicateurs internationaux qui tentent de mesurer le bien-être ou le bonheur.
Sur le plan économique, on a longtemps associé le bien-être à la richesse en partant du principe que l’argent fait forcément le bonheur. Ainsi, plus la production et les salaires sont élevés, plus la population a la possibilité de jouir des biens et des services disponibles sur le marché. La croissance du produit intérieur brut (PIB) des différents pays s’est ainsi imposée comme la mesure exclusive du progrès vers le bonheur.
Sommaire
Comment mesurer le bonheur grâce à l’économie ?
Pour rappel, le PIB calcule la richesse annuelle créée dans un pays donné, c’est-à-dire la « valeur » qui a été « ajoutée » par l’activité économique.
Mais on voit tout de suite les limites du modèle… En prenant le simple exemple de l’augmentation drastique des embouteillages partout sur la planète, on s’aperçoit vite que le concept ne tient pas franchement la route.
En effet, plus les difficultés de circulation augmentent, plus la consommation (et donc la vente) de carburant progresse et, de fait, plus le PIB est en croissance. Se retrouver coincé dans les bouchons n’est pourtant pas la meilleure illustration d’une vie heureuse et épanouie.
Par ailleurs, l’augmentation des inégalités sociales en favorise certains par rapport à d’autres, ce qui entraîne fatalement la frustration et le sentiment d’injustice de ces derniers. On constate ainsi une baisse du bien-être individuel de la majorité, pendant qu’une minorité se frotte les mains…
On peut ainsi conclure que l’augmentation du bien-être et la croissance économique n’ont pas franchement de rapport ni de causalité ni de proportionnalité.
Alors comment mesurer le bonheur sans faire de la croissance ou du PIB la valeur-étalon ?
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Peut-être en apportant une certaine pondération. Et si on prenait le PIB rapporté au nombre d’habitants ? On aura certainement une vision plus juste des choses.
Comparer deux pays aux PIB élevés comme les États-Unis et la Chine ne produit pas les mêmes résultats si l’on s’en tient au PIB par tête. Le PIB américain est 50 % supérieur au PIB chinois ($21430 milliards contre 14340 milliards en 2019), mais le PIB par Américain est 300 % plus élevé que le PIB par Chinois (60000 $ contre 16000 $). Vous me suivez ?
Si on incluait la santé et l’éducation dans le calcul ?
Là encore, on atteint vite les limites de l’évaluation. En effet, le calcul du PIB exclut des activités non génératrices de cash mais qui sont des sources avérées de bonheur : par exemple le bénévolat dans une association, le jardinage ou encore la cuisine à la maison. Ces travaux concrets sont bien des créations de valeur objectives mais elles comptent pour zéro !
À l’inverse, le calcul inclut des items qui n’ont rien à faire là : depuis 2014, le PIB prend en compte des activités criminelles comme le trafic de drogue et la prostitution, des spécialités qui entrainent plus d’effets délétères que de création de valeur et d’émotions positives pour les collectivités.
On a donc mis au point d’autres indicateurs du bien-être comme l’Indice de Développement Humain (IDH), une création du Programme des Nations Unies pour le Développement qui, depuis 1990, évalue de 0 à 1 le niveau de développement d’un pays selon trois données qui font sens (du moins semble-t-il) :
- Le niveau de vie, évalué à travers le revenu national brut par habitant,
- La santé, c’est-à-dire l’espérance de vie à la naissance,
- L’accès à l’éducation.
Le problème de cette méthode d’évaluation ambitieuse est vite apparu là encore (et les auteurs des rapports en conviennent) : le poids du PIB est tel que les pays dans lequel il est élevé se sont systématiquement retrouvés en haut du classement de l’IDH alors que les pays pauvres conservaient un IDH relativement faible.
Par exemple, vit-on forcément mieux dans un pays cher et hyper stressant comme Hong Kong (classé 4e) que dans un pays pauvre mais très zen comme le Cambodge (classé 144e) ? La question mérite d’être posée. Ayant eu l’opportunité de séjourner quelques semaines dans chacun des deux pays, j’ai ma petite idée de la réponse…
En plus, comme l’IDH est une moyenne nationale, le score d’un pays passe totalement sous silence les inégalités patrimoniales et les différences hommes-femme à l’intérieur de ce pays.
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C’est pourquoi en 2011, on a tenté de rectifier le tir en créant une version corrigée de l’indice, baptisée l’IDHI ou l’Indice de Développement Humain, ajusté aux inégalités. Le score de presque tous les pays du monde a alors baissé en conséquence, la France et l’Allemagne enregistrant des chutes de près de 10%.
Nos vies s’améliorent-elles ?
Pour répondre à la question « Comment mesurer le bonheur ? », l’OCDE a créé, en 2011, l’indicateur du vivre mieux. Il permet de comparer les pays dans une dizaine de thématiques considérées comme essentielles au bien-être : revenu et patrimoine, travail et qualité des emplois, logement, santé, connaissances et compétences, qualité de l’environnement, bien-être subjectif, sécurité, équilibre vie professionnelle-vie privée, liens sociaux, et engagement civique.
L’organisation publie régulièrement un rapport intitulé « Comment va la vie ? » consacré à l’amélioration des conditions d’existence pour les habitants de 37 pays de l’OCDE et de 4 pays partenaires. D’une grande pertinence, le rapport cherche à comprendre ce qui contribue au bien-être des individus et des pays, et a l’ambition d’identifier les pistes de progrès pour tous.
Il se fonde sur les données de plus 80 indicateurs, couvrant le bien-être actuel, les inégalités et les ressources nécessaires au bien-être futur. Au-delà des aspects purement économiques, il s’intéresse aux expériences et aux conditions de vie des individus et des ménages.
Si cela vous intéresse, je vous engage à télécharger la déclinaison française de l’édition 2020 (pré-covid donc) qui s’intitule logiquement « Comment va la vie en France ?« .
Quel rôle les politiques peuvent-elles jouer à cet égard ? Mesurons-nous les bons paramètres ? L’Initiative du vivre mieux de l’OCDE et le programme de travail sur la mesure du progrès répondent à ces questions. Ils permettent de
La réplique de l’ONU
Depuis 2012, l’ONU publie le Rapport mondial du bonheur qui classe 156 pays selon le ressenti subjectif des populations, sur un certain nombre de points évalués sur une échelle de 1 à 10. Il paraît chaque année le 20 mars pour coïncider avec la Journée internationale du bonheur patronnée par l’ONU.
Les critères retenus incluent notamment le PIB par habitant (encore), l’aide sociale (logement, allocations…), l’espérance de vie en bonne santé, la liberté relative aux choix de vie, la générosité, la perception de la corruption de l’état…
Là encore, comme pour l’IDH, il y a une correspondance étroite entre l’indice de bonheur et le PIB par habitant. Les pays riches au PIB par habitant élevé sont presque tous classés parmi les plus heureux. Il y a quelques exceptions heureuses qui confirment la règle comme le Guatemala qui est en 122ᵉ place pour le PIB par habitant mais en 28ᵉ position sur l’échelle du Bonheur.
Sans surprise, les pays scandinaves (Finlande, Islande, Norvège, Danemark), la Suisse et la Nouvelle-Zélande squattent systématiquement les premières places. Depuis la création de l’Indice, la France est toujours classée entre la 20e et la 30e place
On l’a vu, traduire le bonheur des populations en chiffres n’est pas chose aisée. On constate néanmoins que limiter l’équation à la croissance économique ou au niveau de revenus par habitant n’a pas beaucoup de sens. Si vous avez une suggestion lumineuse pour déterminer comment mesurer le bonheur, nous vous remercions de la poster dans les commentaires.
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