Reprenons l’évolution de la silhouette au travers des siècles passés pour essayer d’en tirer une leçon et voir s’il existe vraiment un poids idéal femme (ou homme). Contrairement à une idée reçue, la minceur ou le surpoids ont coexisté tout au long de l’histoire, avec des modèles de corps qui ont évolué.
Le contexte économique a toujours été un critère important puisque plus le travail physique était conséquent, moins le risque de surpoids existait. Ce sont notre civilisation et notre société qui définissent régulièrement un modèle idéal.
À l’ère paléolithique, d’après les rares images qui existent, la femme est plutôt petite avec des jambes courtes et des formes très généreuses. On parlerait aujourd’hui d’un véritable surpoids.
Sommaire
Le poids idéal femme : une tendance ?
Au néolithique, la féminité est symbolisée par des formes démesurées qui incarnent le désir sexuel, mais également la maternité.
Même si l’on n’est pas complètement sûr de la réalité de l’obésité de ces femmes à cette période, la nécessité d’être grosse perdurera dans de nombreuses sociétés, comme en Amazonie où la beauté se caractérise par une forte corpulence.
C’est un peu la même chose au Japon où les sumos sont rois, ou en Afrique noire où l’on pratique le guru walla (cette tradition consiste à enfermer un jeune adulte de sexe masculin pour lui faire consommer une alimentation trois fois supérieure à ce qu’il mange d’habitude ; plus il prend de poids, plus il est encensé).
Toutefois, l’idéal de beauté, et le poids idéal femme n’est pas figé et l’on trouve à la même période des représentations de femmes beaucoup plus minces.
C’est plus tard, avec les Grecs, qu’apparaissent des silhouettes construites avec des lois géométriques. La civilisation hellénique, obsédée par les chiffres, veut absolument les utiliser dans tous les cas de figure, y compris le modèle corporel.
La Vénus de Milo possède une généreuse poitrine et des hanches développées. Elle n’est pas obèse mais plantureuse. D’ailleurs, dans les textes grecs de l’époque, l’obésité est tournée en dérision.
Au Moyen Âge, le corps féminin possède un ventre long, des seins petits et des hanches généreuses, comme si la maternité était redevenue le critère principal de l’idéal féminin.
À la Renaissance, le modèle grec revient en force. Si les formes sont généreuses, la silhouette reste élancée. C’est une période où il est possible d’être aussi bien gros que mince, les deux représentations coexistant.
On célèbre, cependant, les femmes plantureuses (Ronsard parle de la « gorge grassette » de sa maîtresse).
Cette tendance à la célébration de ces deux critères de beauté se modifie au début de la Révolution française. L’élégance se symbolise désormais par la minceur avec, au besoin, des restrictions alimentaires.
Rousseau, quant à lui, exprime son désir de femmes plus rondes, mais avec une alimentation correcte et surtout des exercices physiques pour faciliter la maternité et améliorer la santé.
Les riches gros et les pauvres maigres ?
Le xixe siècle est marqué économiquement par la fracture entre les pauvres et les riches. La richesse est associée au surpoids, la minceur à la pauvreté.
L’idéal féminin et le poids idéal femme sont incarnés par une femme de type sablier, taille étroite, bassin large, seins opulents. La méthode du corset connaît son apogée.
C’est au xxe siècle que débute l’idéal de la maigreur, qui incarne la sensibilité. Dans les cercles littéraires, on commence à jeûner pour maigrir. La femme devient sportive, active, plus mince que la « bourgeoise », image délétère d’une femme inactive, soumise totalement à l’autorité et qui ne pense qu’à manger.
Le féminisme s’associe à la minceur. La dévalorisation du « gros » est entamée ! Le modèle de la « garçonne », avec des formes très masculines, devient le champion de l’idéal de beauté. Après la femme sablier, voilà la femme tube !
Vers la femme Fitness
Les formes féminines reviennent à la mode grâce aux vedettes du cinéma hollywoodien : Marilyn Monroe en est l’incarnation parfaite. Cela dure quelques années, mais tout change encore une fois.
Dans les années 1970, les reines de beauté sont de plus en plus maigres. Les mannequins deviennent les modèles de la représentation féminine et du poids idéal femme, avec un corps quasiment impossible à atteindre pour la quasi-totalité de la population.
Moulés dans leurs jeans, les corps des garçons et ceux des filles se confondent parfois dans les publicités. Ce modèle sera largement contesté par les campagnes contre l’anorexie, mais également par une part de la société qui a du mal à accepter l’égalité des sexes, qui se manifeste au travers de cette image et qui casse le concept de la différence homme-femme.
La résistance dure peu car apparaît un modèle nouveau.
Aujourd’hui, la femme n’est plus seulement mince. Elle se doit d’être sportive, musclée et subit la pression incessante d’une volonté qui est en réalité celle de la collectivité.
La pseudo-détermination de lutte contre l’obésité des pouvoirs publics, la prolifération des salles de sport, la promotion de la santé, le désir de la jeunesse éternelle vont probablement installer pour le moment cette image, relayée par les influenceurs et influenceuses fitness qui nous viennent même nous donner des « cours » de nutrition.
L’évolution vers l’égalité des sexes fera émerger un modèle de femme, un poids idéal femme, qui, tout en étant féminine, sera plus proche de la silhouette de l’homme. Qu’en pensez-vous ?