Choisir les produits que l’on va consommer n’est pas un geste anodin en matière d’empreinte carbone. La transition vers des modes de consommation plus responsables se joue aussi dans nos assiettes. Le Français moyen émet 10 tonnes CO2e par an, dont un quart provient de son alimentation. Faisons notre bilan carbone fruits et légumes…
Les pratiques favorables à l’environnement et la responsabilité individuelle face aux enjeux climatiques se sont accélérées. Et c’est particulièrement vrai au niveau de la consommation alimentaire.
Sommaire
Un petit pas pour faire ta part
Selon le baromètre annuel de l’Ademe(*) : 84 % des Français affirment trier leur déchet, 73 % veillent à acheter des fruits et légumes de saison, 61% souhaitent acheter des produits locaux, 58% à consommer moins et 53% à limiter leur consommation de viande. Les habitudes bougent !
Ces comportements vertueux vis-à-vis des fruits et légumes locaux et de saison ont-ils un fort impact sur l’empreinte carbone des Français ? Pas nécessairement, hélas, comme on le verra plus loin. Mais tous les efforts sont bons à prendre, pas vrai ?
Alors, je te donne trois arguments pour t’encourager à continuer :
1. Un kilo de fruits et légumes génère environ 1 kg de CO2e tandis qu’un kilo de viande de bœuf en produit entre 20 et 60 kg (selon l’origine).
2. 40 % des fruits et légumes consommés en France sont importés de l’étranger (tomates, concombres, pêches, raisin…) donc manger une production locale a beaucoup de sens…
3. Une tomate produite dans l’Hexagone dans une serre chauffée aux énergies fossiles émet sept fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate de saison.
Si tu veux faire ta part, il est nécessaire de continuer à acheter des produits locaux et de saison. C’est la base. Mais tu peux faire une vraie différence en augmentant progressivement la part de légumineuses dans ton alimentation pour remplacer les protéines de la viande. Tourne-toi par exemple vers les lentilles, les haricots secs et les pois chiches qui, en plus de leur apport en protéines, sont riches en fibres et en micronutriments (vitamines et minéraux). La France produit une très grande diversité de légumineuses, tu devrais donc pouvoir facilement consommer « local ».
Le bilan carbone fruits et légumes
En France, les fruits et légumes sont les aliments les moins gourmands en énergie. Ils représentent 20 % du panier moyen d’un consommateur mais ne sont à l’origine que de 7% des émissions de CO2e liées à l’alimentation des Français.
Ça signifie que même en respectant à la lettre les recommandations de consommer des produits locaux et de saison, ça n’aura pas un impact décisif sur ton empreinte carbone. Largement moins en tout cas que si tu décides de remplacer la viande de bœuf par du porc ou poulet ou si tu fais le choix d’arrêter complètement les produits carnés.
Les émissions de CO₂ des produits d’origine animale dépassent très largement les émissions des produits végétaux. Un kilo de fruits et légumes génère environ 1 kg de CO2e tandis qu’un kilo de viande de bœuf en produit entre 20 et 60 kg.
Pour faire le bilan carbone des fruits et légumes, il faut d’abord savoir que 40% de ceux qui sont consommés en France sont importés de l’étranger (tomates, concombres, pêches, raisin…). Donc manger une production locale a beaucoup de sens…
Par ailleurs, leur transport jusqu’au point de vente représente 30 % des émissions totales de gaz à effet de serre sur les routes.
Enfin, pense toujours aux emballages qu’ils nécessitent : le plastique et les cartons aggravent le bilan carbone du panier de courses. Le mieux est donc de les acheter en vrac, en amenant soi-même son sac en tissu au marché, à l’épicerie, au supermarché ou, mieux encore, directement chez le paysan du coin…
Manger local n’est pas une garantie !
Quand tu consommes des fruits et légumes locaux, tu encourages les circuits courts. C’est une très bonne chose car ils ont évidemment moins d’impact polluant sur la planète.
Au magasin, ton premier réflexe doit donc être de regarder la provenance des fruits et légumes. Plus ils ont été produits près de chez toi, mieux c’est pour limiter ton empreinte carbone et moins il y a des chances qu’ils aient été cultivés sous serre.
L’alimentation locale permet certes de réduire les distances de transports des produits. Mais l’origine des produits n’est pas toujours une garantie de consommation responsable.
L’efficacité énergétique des moyens employés pour les cultiver et les récolter et celle des transports utilisés pour les livrer peuvent brouiller les pistes de la comptabilité carbone.
Certains produits très communs sur les étals ont même un bilan carbone catastrophique lorsqu’ils sont consommés hors saison.
Prends l’exemple de la tomate qui ne pousse pas en hiver. Si on souhaite la rendre disponible malgré le froid et l’obscurité hivernale, on doit la cultiver sous serre. C’est un mode de culture qui demande énormément d’eau et d’énergie : la tomate a besoin de lumière et de chaleur pour pousser.
Deuxième option : l’importer de l’étranger et lui offrir un voyage en camion pour qu’elle arrive jusqu’à ton frigo. Pas très écolo. Le bilan carbone fruits et légumes commercialisés hors saison est désastreux. Ils doivent être transportés soit par avion, soit par bateau (pour les produits congelés ou en conserve) puis par camion dans des conditions permettant leur conservation (réfrigération, climatisation).
Tous ces moyens de transport sont polluants pour la planète. En plus, pour que les fruits ne mûrissent pas trop vite pendant le transport, ils sont recouverts de produits chimiques permettant leur conservation.
L’ADEME, l’agence française de la transition écologique, estime qu’une tomate produite dans l’Hexagone dans une serre chauffée aux énergies fossiles émet sept fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate de saison et quatre fois plus qu’une tomate importée d’Espagne. On a ainsi une petite idée du bilan carbone fruits et légumes d’un bon tiers des aliments végétaux que l’on consomme…
Pourquoi consommer de saison ?
Je préfère te prévenir : le fait de consommer toujours des fruits et légumes de saison n’aura pas un impact déterminant sur ton empreinte carbone car la part de produits saisonniers est assez faible dans notre alimentation.
Il existe quand même des avantages comme la moindre consommation d’eau ou la moindre dépendance au hydrocarbures (gaz et pétrole) qui chauffent les serres.
En outre, vendus hors saison, les légumes perdent beaucoup de leurs nutriments lorsqu’ils poussent hors sol. En hiver, tu dois donner ta préférence aux vrais légumes de saison que sont les choux, carottes, chou, pommes de terre, topinambours, salsifis, endives, oignons, poireaux, mâches, épinards, etc.).
Tu peux retrouver notre calendrier illustré des fruits et légumes de saison si tu as besoin de plus d’inspiration.
Si tu souhaites réduire significativement l’empreinte carbone de ton alimentation, tu n’es pas dans l’obligation de suivre un régime strictement végétarien. Tu peux remplacer les trois quarts de tes repas contenant de la viande par des repas végétariens ou, plus simplement, tu réserves les plats à base de viande aux week-ends.
C’est ce qu’on appelle le régime flexitarien : tous les groupes d’aliments sont consommés, mais pas à la même fréquence : les céréales, fruits et légumes, produits laitiers et matières grasses sont consommés chaque jour mais les viandes et poissons sont occasionnels. C’est une forme de régime végétarien flexible !
* Représentations sociales du changement climatique : 22ème vague du baromètre – Ademe