Le débat est clos. Les climatosceptiques se sont tus et les scientifiques répètent à l’unisson qu’il faut limiter le réchauffement planétaire au-dessous de 2 °C (le chiffre de 1,5 °C n’est plus réaliste !). Sinon les conséquences du réchauffement climatique seront ravageuses, non pas pour la planète elle-même, mais pour l’homme et la nature.
Ces derniers temps, on a pu constater que les catastrophes naturelles se multipliaient. Dérèglement climatique oblige, la vie sur Terre est déjà considérablement impactée et va continuer à se transformer dans les années et décennies qui viennent.
Pouvons-nous faire face ? L’humanité a-t-elle les capacités pour s’adapter à des conditions qu’elle a encore du mal à imaginer ?
Sommaire
Des lendemains qui déchantent
Depuis un quart de siècle, le GIEC nous a prévenus, mais, du côté des leaders du monde, rien n’a été fait… ou si peu. Même si les émissions de gaz à effet de serre commençaient à baisser demain matin (oui, ça continue d’augmenter en ce moment), les effets dévastateurs du réchauffement sur la biodiversité et l’humanité s’accélèrent et deviennent de plus en plus concrets.
Pour ce onzième et dernier épisode de la série Café climat, j’ai voulu profiter des lumières de spécialistes reconnus de la question, Jean-Marc Jancovici et Pablo Servigne.
Dans une conférence donnée à Genève, l’ingénieur et spécialiste de l’énergie Jean-Marc Jancovici, auteur du fameux Dormez tranquilles jusqu’en 2100, expliquait la situation de l’Europe et les probables conséquences du réchauffement climatique pour l’humanité.
L’Europe du XXᵉ siècle proposait des conditions climatiques pour que des grosses espèces végétales comme les arbres puissent pousser. Ça signifie que le climat était suffisamment humide et doux et qu’il n’était ni trop froid ni trop chaud pour que prospère la végétation.
Il y a 20000 ans, la situation était bien différente en Europe. Le climat était beaucoup plus froid et beaucoup plus sec à cause de l’influence du système solaire.
Les conséquences du réchauffement climatique
L’orbite de la terre n’est pas constante au cours du temps parce que nous subissons l’attraction de Jupiter et de Saturne. C’est cette irrégularité de l’orbite de notre planète qui a notamment causé les grands cycles glaciaires au cours des trois derniers millions d’années.
Il s’est produit un transfert d’eau depuis l’océan dont le niveau a progressivement baissé de 120 m. Une épaisse couche de glace s’est formée pour recouvrir entièrement les territoires du nord comme la Scandinavie, le Royaume-Uni et le Groenland.
Pour passer de l’Europe d’il y a 20000 ans à l’Europe actuelle, on comprend bien que la planète s’est réchauffée. Or cette transformation massive est due à un réchauffement planétaire de l’ordre de seulement 4 à 5 degrés en 10000 ans.
Il faut maintenant comparer cela au risque actuel d’un réchauffement climatique de 4 degrés en un siècle. Cela produira un tel bouleversement des conditions de vie existantes et de telles carences sur les besoins essentiels de l’humanité (notamment sur le plan alimentaire) que les conséquences sont difficiles à anticiper.
La seule chose qui est sûre, c’est que la stabilité du monde n’y résistera pas et que les conditions de vie (de survie ?) pour l’homme deviendront chaotiques.
La métaphore de la pirogue
Pour Pablo Servigne, l’auteur de Comment tout peut s’effondrer, le constat est peu ou prou identique. Il avance que le type de situation dans laquelle nous nous retrouvons débouche toujours sur trois choses : la guerre, la maladie et la famine.
Et il précise même : « les trois sont interconnectés et se nourrissent les unes les autres. On n’arrivera pas à dénouer toutes les causes mais ça se termine toujours comme ça !«
Servigne le confirme, les conséquences du réchauffement climatique ne sont pas fâcheuses, elles sont funestes. Pourtant, désireux de donner du sens et de l’espoir, il compare la crise que nous vivons à une embarcation entraînée, à toute vitesse, vers une immense chute d’eau…
« Imaginez qu’on est dans une pirogue, on voit que ça s’accélère, ça remue, on ne peut plus ramer en arrière, c’est trop tard et devant, à 200 m, il y a une chute gigantesque, le grand vide… Effroi et sidération dans la pirogue. Par contre, il y a quelqu’un dans la pirogue (c’est le GIEC) qui dit « regardez là sur la gauche, il y a encore un petit rocher. On peut espérer s’y accrocher si on rame tous ensemble maintenant, à fond et de manière coordonnée. » Tous ensemble, ça veut bien sûr dire toute l’humanité.«
Un réchauffement irrémédiable
La conclusion, c’est qu’on ne sait pas précisément ce qui nous attend, on sait juste que ça ira de pire en pire. Plus on s’y prendra tôt pour réduire massivement les émissions des gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d’azote…), plus on limitera les terribles conséquences du réchauffement climatique pour l’humanité.
L’ingénieur et spécialiste de l’énergie Jean-Marc Jancovici l’explique très clairement dans ses nombreuses conférences relayées sur YouTube : « le changement climatique a une telle inertie que les évolutions du climat sont déjà écrites pour les 20 prochaines années. »
Même en arrêtant toute émission de gaz à effet de serre demain matin, la planète continuerait à se réchauffer à grande vitesse pendant les 20 prochaines années ! En d’autres termes, il est déjà trop tard pour agir sur les conséquences du réchauffement climatique des deux décennies qui viennent.
Ce sujet vient clore la série Café climat que j’ai eu le plaisir de réaliser avec un objectif avant tout pédagogique.
Si cette série d’articles et de vidéos vous a plu et qu’elle vous a permis de mieux comprendre les enjeux climatiques, partagez-la sans modération car, en matière d’environnement comme dans tous les domaines, la connaissance est toujours le premier pas vers l’action.