La COP 27, la 27e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique commence ce dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte. Une nouvelle occasion de constater que le plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, validé par tous les États il y a sept ans, n’a aucune chance d’être respecté.
Même si on attend 40000 délégués à Charm el-Cheikh (Égypte), pour la tenue de la COP 27, la 27e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, les vraies stars de la discipline n’ont pas jugé pertinent de faire le déplacement…
Sommaire
Les vraies stars boudent le COP 27 en Égypte
L’icône verte Greta « Bla Bla Bla » Thunberg a refusé de prendre part à ce vaste greenwashing international. Le Président du pays leader des émissions mondiales de gaz à effet de serre (27% du total), le Chinois Xi Jinping n’assistera pas lui non plus à cette grand-messe, pas davantage que son homologue indien Narendra Modi (3ᵉ pays émetteur de la planète).
On pourrait presque regretter l’absence de Vladimir Poutine, non pas parce que la Russie est classée 4ᵉ parmi les pays « producteurs » de CO2, mais bien parce que c’est lui qui a œuvré le plus directement à la prise de conscience (en tout cas en Europe) des dangers que constitue la dépendance aux énergies fossiles. La réduction de la consommation de gaz, de pétrole et d’électricité devient un passage obligé quand les tarifs s’envolent et/ou que les approvisionnements s’arrêtent. Un constat aussi cynique qu’horrible !
Malgré toutes les gesticulations du gouvernement français, il n’y a évidemment aucun progrès notoire à attendre cette année du côté des émissions de CO2 tricolores, puisque l’arrêt de la moitié du parc nucléaire national a forcé l’état à réagir « à l’arrache » comme d’habitude. On comble le déficit d’électricité par des productions étrangères d’origine souvent fossile. Ne parlons même pas du GNL importé des États-Unis dont l’empreinte carbone est 2,5 fois supérieure à celle du gaz que nous acheminions par gazoduc depuis la Russie.
La COP 27 offre aux États un espace où débattre des actions climatiques fondées sur les droits qu’il est nécessaire d’entreprendre si l’on veut donner aux pays les moyens d’atteindre, collectivement, l’objectif défini dans l’Accord de Paris, qui est de maintenir la hausse des températures à 1,5 °C à l’échelle de la planète.
+2,4 °C à la fin du siècle ?
Les observateurs les plus optimistes parlent aujourd’hui d’une augmentation moyenne des températures de 2,4 °C à la fin du siècle mais les plus nombreux, constatant que les émissions de CO2 continuent de progresser en 2022, s’accordent aujourd’hui sur le chiffre, hélas plus réaliste, de 3 °C.
Partout dans le monde, la crise climatique pèse de plus en plus lourdement sur les vies et les moyens de subsistance : feux de forêt, villes étouffantes de chaleur, terres agricoles desséchées, côtes dévastées par les tempêtes…
Au cours des prochaines années, des centaines de millions de personnes risquent de devoir quitter leur lieu d’habitation à cause de l’élévation du niveau de la mer et de pénuries alimentaires massives. Sans compter que le changement climatique aggrave les inégalités déjà existantes.
À moins d’une action rapide et audacieuse des gouvernements pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre, cette situation va empirer au-delà de l’imaginable.
Nous avons sauvé le monde !
En décembre 2015 à Paris, près de 200 gouvernements du monde entier s’engageaient à faire le nécessaire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de maintenir la hausse de la température mondiale entre 1,5 et 2 °C d’ici à 2050.
L’objectif collectif de la COP21 semblait clair : soulager la planète en contenant au maximum les conséquences désastreuses du réchauffement climatique.
On parlait alors de « pas de géant » et certains déclaraient même avec soulagement : « Nous avons sauvé le monde« . Mais comme l’Accord de Paris ne prévoyait aucune sanction en cas de non-respect des engagements, très peu de progrès ont été accomplis.
Les études montrent clairement que les promesses n’ont pas été tenues.
Les émissions de gaz à effet de serre ont encore augmenté chaque année de 1,5 % en moyenne et on a même battu tous les records d’émissions en 2019, avec près de 60 milliards de tonnes de CO2. Sans surprise, 2020, l’année de la Covid, a été l’une des années les plus chaudes depuis 150 ans.
Face à l’inaction climatique du monde politique, la société civile s’est mobilisée, des mouvements de protestations et de désobéissance civile sont lancés.
La jeune militante suédoise Greta Thunberg déclarait : « Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous parlez, c’est de l’argent et du conte de fée d’une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? »
Si les tendances actuelles se confirment, la température moyenne sur Terre risque d’augmenter de 3 °C d’ici à la fin du siècle. Le sixième rapport du GIEC a beau jouer de la trompette pour rappeler aux États d’honorer leurs engagements, autant pisser dans un violon…
26 COP pour pas grand-chose
Quand on fait, juste avant la COP 27, le bilan des 26 premières éditions de la COP, le compte n’y est pas du tout ! En septembre 2021, l’ONU a constaté officiellement que la trajectoire du réchauffement climatique se situait à 2,7 °C pour la fin du siècle.
Nous sommes très loin de l’objectif de 1,5 °C alors que nous savons pertinemment que chaque dixième de degré au-dessus de cette température aura de graves conséquences sur la vie et la santé des populations.…
L’ONU a certes noté « une tendance claire à la réduction des émissions de gaz à effet de serre au fil du temps » mais invite surtout les États à « redoubler d’efforts« .
Objectifs contraignants ou promesses sans lendemain ?
Alors y a-t-il encore des raisons de croire à cette nouvelle COP 27 ? Pas vraiment…
Au total, 127 pays, responsables de 63% des émissions de gaz à effet de serre, se sont déjà engagés dans un objectif 0 émissions ou pensent à le faire.
La Chine s’est engagée à atteindre la neutralité carbone avant 2060, ce qui réduirait le réchauffement de 0,2 à 0,3° en 2100. Mais elle continue de mettre en chantier des centrales électriques à charbon.
Les États-Unis ont réintégré le fameux Accord de Paris dès l’investiture du Président Biden, pour diminuer de 0,1 °C le réchauffement global. Pourtant, le pétrole de schiste américain a fait son grand retour sur les marchés.
Les 27 pays de l’Union Européenne se sont entendus pour réduire de 55% leurs émissions de CO2 d’ici 2030. Les ONG jugent cet engagement insuffisant, elles demandent une réduction de 65%.
Quant à la France, elle est en retard sur tous ses objectifs de 2015 : rénovation thermique des bâtiments, transports, agriculture… Sans commentaires !
Les émissions de CO2 à la hausse
Pour atteindre l’objectif au niveau mondial, il faudrait diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an tous les ans jusqu’en 2030. Nous n’y arriverons pas.
La preuve ? Le dernier rapport de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) a estimé que les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie devraient augmenter de 1,5 milliard de tonnes en 2021. Le rebond économique de l’après Covid risque bien d’annuler la forte baisse des émissions de CO2 enregistrée en 2020.
Interrogée sur l’efficacité des COP, Greta Thunberg faisait preuve d’une lucidité cruelle : « Telles qu’elles existent actuellement, les COP ne mèneront à rien à moins d’une pression publique massive. (…) Tout ça n’est que du bla-bla-bla : ce ne sont que des négociations et des discours vides, des discussions interminables qui sont rarement suivies d’actions. »
Le seul signe d’espoir que donne cette COP 27 est le message qu’elle envoie à travers le monde. En effet, elle est l’occasion de mobiliser le public autour du dérèglement climatique, d’attirer l’attention sur la crise, d’expliquer que nous sommes face à une situation d’urgence…