Souvent inspirés par l’urgence de la transition énergétique, ils sont de plus en plus nombreux à choisir de lever le pied pour vivre autrement. Certains se tournent vers la simplicité volontaire, un mode de vie en rupture avec le modèle du « toujours plus », qui privilégie les valeurs et la recherche de sens…
La « simplicité volontaire » est une philosophie de vie qui s’oppose au consumérisme et à la recherche de la performance à tout prix. Elle privilégie la qualité de vie et le bien-être intérieur au détriment de l’apparence, de la course au profit et de la réussite matérielle.
Sommaire
Simplicité volontaire et minimalisme
Elle concerne tous les aspects de la vie quotidienne, familiale, professionnelle et sociale. Chacun peut ainsi l’adapter à ses valeurs et à ses objectifs. Le but consiste à se sentir mieux, plus en harmonie avec soi-même et son entourage, sans se laisser influencer par les diktats de la société et du système.
La notion est d’abord apparue en 1936 dans La Valeur de la simplicité volontaire de l’Américain Richard Gregg, un disciple de Gandhi, mais on trouve son origine dans Walden ou la vie dans les bois, l’ouvrage du philosophe naturaliste Henry David Thoreau (1817-1862). Elle s’est ensuite surtout développée dans les années 60 et 70, en pleine période d’abondance matérielle et de boom économique.
La simplicité volontaire se définit aujourd’hui comme « la volonté d’un individu de réduire ses achats et ses possessions pour mener une vie plus orientée vers ses valeurs essentielles. » C’est un concept proche du minimalisme, un mode de vie qui se concentre plus spécialement sur la limitation volontaire des biens matériels.
La simplicité volontaire est une forme d’idéal à la portée du plus grand nombre, elle n’est pas encadrée par une série de règles strictes.
C’est surtout une façon de vivre mieux. Très en ligne avec la Sobriété heureuse de Pierre Rabhi, elle prône aussi l’indépendance face à la réussite matérielle, la fin de l’endettement massif (cartes de crédit…), une hygiène de vie en accord avec le corps et la nature, le respect des ressources naturelles et de la planète, le partage, la participation citoyenne, la solidarité, l’équité…
La démarche se fait seul, en couple ou en famille et vise simplement à se « sentir mieux. » C’est alors à chacun d’aligner ses choix de vie, ses valeurs et ses convictions personnelles :
- Certains adoptent une alimentation végétarienne alors que d’autres continuent à manger de la viande en exigeant qu’elle soit bio et produite localement.
- Certains continuent de rouler avec leur vieille voiture à essence, alors que d’autres choisissent de favoriser le vélo et les transports en commun.
- Certains boycottent Noël car ils estiment que c’est d’abord une fête commerciale tandis que d’autres continuent à le célébrer car ils le voient comme une fête religieuse.
La simplicité volontaire en 8 étapes
Il n’y a pas de règles dans la simplicité volontaire. Les changements à apporter dans son mode de vie sont ceux qui permettront de vivre en harmonie avec soi-même.
Pour explorer et essayer de pratiquer la simplicité volontaire, on commence doucement, avec des actions faciles et évidentes, et on se laisse porter. Voici quelques exemples…
1. Sur le plan alimentaire
On peut favoriser les aliments sains, simples, locaux, et surtout pas ultra-transformés ! On cuisine le plus possible à la maison et on évite le restaurant. Enfin, quand c’est possible, on cultive ses fruits et légumes au potager et on fait des conserves.
La simplicité volontaire incite à se poser les bonnes questions pour des choix plus raisonnés et en accord avec ses valeurs. Pourquoi ai-je décidé d’aller au restaurant ? La qualité de la nourriture, l’ambiance incroyable, l’envie de faire un break ou autre chose ? Est-ce que le prix est justifié ou est-ce que j’aurai pu préparer la même chose à la maison pour quatre fois moins cher ?
2. Au niveau des déplacements
Pour une mobilité plus responsable, on privilégie les transports en commun, le vélo, sans oublier la marche à pied ! Quand on n’a pas le choix, dans le milieu rural par exemple, on essaie de mutualiser ses déplacements et de favoriser le covoiturage. Il y a presque toujours le moyen de faire mieux…
3. Sur le plan professionnel
On s’assure avant tout que l’emploi qu’on occupe a du sens, qu’il est utile pour la collectivité ou la société et qu’il est satisfaisant sur le plan psychologique. Sinon, on envisage un changement ou d’autres solutions : temps partiel, télétravail, microentreprise…
4. Pour consommer malin
On prend du recul par rapport à la pub et aux promotions pour se concentrer sur ses besoins réels. On favorise les produits en vrac pour réduire ses déchets au maximum.
Le bon comportement consiste à n’acheter que ce qu’on va utiliser régulièrement ; posséder trois montres ou deux télés n’a pas beaucoup de sens. On évite les marques qui surfacturent et on s’intéresse aux objets et vêtements recyclés ou de seconde main.
5. Pour soulager l’environnement
On achète le moins possible, on recycle le plus possible, on composte au maximum et on bannit les emballages et les déchets.
6. Pour mieux s’organiser
On évite d’accumuler les objets et de tout garder. On fait des dons à des associations lorsque quelque chose n’est plus utile. On fait le grand ménage, deux fois par an, dans sa penderie, sa bibliothèque, son garage (ou sa cave) et son grenier. En un mot, on désencombre.
7. Pour faire le ménage
On apprend à nettoyer en utilisant des produits naturels, inoffensifs et bon marché comme le vinaigre, le bicarbonate de soude, le savon de Marseille, le jus de citron…
8. Au niveau des loisirs
On privilégie les activités et les sorties à faible coût (bibliothèque, expo, randonnée ou ballade à vélo plutôt que cinéma, parc aquatique, discothèque, bowling…). On essaie, dans la mesure du possible, d’emprunter, d’échanger ou d’acheter d’occasion plutôt que neuf (livres, jeux…). Ce ne sont pas les opportunités qui manquent.
Se poser les bonnes questions
Vous le comprenez, la simplicité volontaire invite à se poser les bonnes questions avant chaque nouvel achat :
- Est-ce que j’en ai vraiment besoin ? Parfois, attendre quelques peut nous faire réaliser que finalement, le besoin était surtout un désir passager.
- Est-ce que tout ce que je possède est utile et nécessaire ? Est-ce que je ne perds pas trop de temps à les ranger ou les laver, alors que je pourrais faire autre chose ?
- Est-ce que je pourrais acheter la même chose d’occasion ou bien le fabriquer moi-même ?
Quand on s’oriente vers la simplicité volontaire, les choses ne changent pas du jour au lendemain. Il faut mettre en place des actions concrètes, à son rythme, pour simplifier sa vie et se donner plus d’occasions d’apprécier son environnement.
Mais décision après décision, geste après geste, on se sent mieux dans sa tête, dans sa peau et dans son corps. N’est-ce pas cela se rapprocher du bonheur ?
Autre intérêt notoire : en s’éloignant progressivement de la consommation forcenée, on réalise, à la longue, de vraies économies. S’extraire du système consumériste est une démarche à entreprendre sur le long terme, on y gagne d’abord en satisfaction personnelle, en liberté, en indépendance, en qualité de vie, mais aussi sur le plan financier !